Sophie Binet : « Macron est complètement décrédibilisé » [1/2]
Article mis en ligne le 6 mai 2024

par Marsanay

La France n’a pas été bloquée le 7 mars 2023 !

L’interview de Sophie Binet, en deux parties, secrétaire générale de la Confédération générale du travail, est important et passionnant. S. Binet revient sur la mobilisation des retraites et énonce les raisons pour lesquelles nous n’avons pas gagné. Les réponses fournies à la question, « Comment expliquez-vous que des secteurs historiques — vous mentionnez les enseignants — ne vous aient pas rejoints aussi massivement qu’escompté ? », nous paraissent incomplètes voire superficielles, mais ouvrent des débats stratégiques sur les luttes. L’intersyndicale a appelé à bloquer les pays le 7 mars, mais le pays n’a pas été bloqué. Ceux et celles qui fabriquent de l’acier, des voitures, des avions, des bateaux, qui bâtissent des maisons, qui acheminent les différentes productions du lieu de fabrication au lieu de consommation…n’étaient pas en grève. Donc le pays ne pouvait pas être bloqué. C’est le premier constat. Le deuxième constat renvoie à l’histoire, on évoque souvent 1936 et 1968 les deux grèves générales qui on eu lieu en France. Il faut rappeler qu’elles ont démarré toutes les deux dans le même secteur, l’aéronautique 1936, Latécoère à Toulouse, 1968 Sud Aviation Saint Nazaire. La généralisation du conflit est rapide et amène le blocage du pays, parce qu’il y avait, au moins dans les grandes entreprises, des équipes syndicales capables de faire vivre une plate forme revendicative. Enfin nous devons noter qu’en 1975 la grève des cheminots ne s’étend qu’au secteur public, même constat pour la grève de 2003, avec les enseignant e s comme fer de lance de la grève. Ces constats ouvrent des débats sur les stratégies de lutte. La généralisation de la grève façon 36 ou 68 est très improbable parce que les moyens de pression et de répression à l’encontre des salariés et des syndicalistes sont disproportionnés au vu des rapports de force. Parce qu’il y a eu la désindustrialisation depuis le milieu des années 1970. Celle-ci, ayant ouvert un nouveau cycle de luttes dominée par le secteur public, toujours en cours, malgré la présence dans les récents conflits (depuis2010) des raffineurs. Ce sujet mériterait plus de place, mais ce n’est pas l’essentiel de nos propos. La mise à l’arrêt du pays ne pourra être qu’une combinaison de grèves, de blocages de manifestations ... Mais des blocages stratégiques, qui font mal à l’économie. La logistique, par exemple, est un rouage essentiel du capitalisme. L’aéronautique est le secteur qui exporte le plus. Les mobilisations écologistes ont montré la multitude d’actions possibles, en combinant action spectaculaires (avec peu de monde) et action de masse. Les syndicats peuvent très bien, sur bien de sujets, combiner ce genre d’actions. Enfin une autre question doit être posée comment agir et que faire quand la majorité de la population soutient une revendication. Probablement qu’ici il s’agit de la discussion sur la double besogne, la revendication et l’émancipation. S. Binet précise : » La Charte (d’Amiens) affirme à la fois l’indépendance de l’organisation syndicale vis-à-vis des partis politiques et l’impératif de transformation de la société » Il semblerait que ce sujet ce soit bloqué sur la demande à la NUPES de voter l’article 7 de la réforme des retraites. Mais nous y reviendront lors de la publication du deuxième volet de l’interview. Pour conclure, quand la majorité de la population, soutien la revendication des syndicats, ceux-ci peuvent se permettre quelques extra. Les postiers et les cheminots de la CGT en 1909 et 1910, n’ont pas hésité à désarmer leurs entreprises pour faire avancer leurs revendications. Les gaziers et électriciens sont revenus aux fondamentaux.

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