L’urgence climatique ne fait que s’amplifier. Les travaux de (et autour de) la COP 26 avancent que, dans le cadre de la trajectoire actuelle d’émissions de gaz à effet de serre, l’augmentation de température serait de 2,4°C d’ici 2050 (les accords de Paris, c’est 1,5°C...). Face aux conséquences (largement documentées par les scientifiques) de cette trajectoire sur l’écosystème humain, des évolutions, quelques fois significatives, de nos modes de vie et de consommation sont inévitables. Aujourd’hui, certains accélèrent (de toutes façons, la technique sauvera le Monde et puis... les profits, eux, n’attendent pas), d’autres se replient volontairement (en bon ordre quelques fois) ou de manière subie et contrainte (précarité, pauvreté, ghettoïsation, exclusions). D’autres encore parlent (plus ou moins bien) d’effondrement et semblent craindre un grand saut dans le vide. Nous préférons, nous, parler de basculements . Il nous suffirait de faire un « simple » pas de côté dans la bonne direction pour regarder et penser le monde différemment, pour basculer vers des « possibles désirables ». C’est ce petit pas qui est dur à faire car la force d’attraction de l’ancien monde est encore puissante.
A Toulouse, la dépendance extrême du tissu économique et social au secteur de l’aéronautique pose le problème de manière aigue. Si on écoute et analyse le discours ambiant (des industriels, des politiques et de la majorité des médias locaux), tout va repartir comme avant. Certes, la crise a été rude mais les avions vont de nouveau sortir par milliers des chaînes d’Airbus et se vendre « comme des petits pains ». On nous promet que demain, tout ira bien. Les avions verts sillonneront le ciel (sans trainée de condensation, bien sûr) en transportant 8, puis 10, puis 15 milliards de passagers...
La présente note a pour objet de participer au débat sur les conséquences du réchauffement climatique sur le secteur de l’aviation. Elle s’inscrit dans la continuité et complète le texte que nous avions publié en avril 2020 : « Vers une crise économique majeure dans Toulouse et sa région – Toulouse, le syndrome Détroit ? ». Est-il encore possible de parler de croissance du transport aérien quand on analyse les travaux menés par des élèves, anciens élèves et par des enseignants-chercheurs de l’ISAE - SupAéro sur l’aviation et le climat ? Rien n’est moins sûr. L’ampleur et les conséquences du réchauffement climatique sur le secteur de l’aviation doivent conduire à une remise à plat du modèle de développement actuel de la métropole toulousaine.
Il est donc urgent que d’autres scénarios que ceux issus de la seule industrie aéronautique soient entendus, discutés. Et de manière publique.