L’insoutenable productivité du travail
Article mis en ligne le 8 septembre 2018

par Universite Populaire Toulouse

A la librairie Terra Nova avec le soutien de l’Université Populaire de Toulouse, mardi 02 octobre 2018 à 19h00, rencontre avec Mireille Bruyère autour de son livre L’insoutenable productivité du travail, paru aux éditions Le bord de l’eau.

En s’appuyant non seulement sur l’économie, mais aussi l’anthropologie, la psychanalyse et la philosophie, ce livre tente une critique de la centralité de l’efficacité productive de notre temps. L’urgence politique et écologique de notre temps est celle d’un rejet non pas de l’économie néolibérale, mais de l’économie tout court comme science de l’efficacité productive.
Ne sommes nous pas devenus trop efficaces ? N’avons nous pas dépassé la limite du raisonnable quant à notre capacité à produire, quant à notre productivité ? Une productivité désirée non seulement par les chantres du néolibéralisme, mais aussi par la grande majorité des courants critiques du capitalisme. La critique de la croissance déjà ancienne désigne notre désir infini pour la consommation comme source de notre aliénation et de l’impasse écologique dans laquelle nous avons précipité la planète. Mais, ce désir de consommation infini n’est-il pas l’autre face de notre désir d’efficacité infinie ? De notre désir de maîtrise infinie ? Ne faut-il pas aussi s’interroger sur notre efficacité productive et sur les niveaux de productivité que nos économies ont atteints aujourd’hui ?

La critique du capitalisme et de l’économie néolibérale s’appuie souvent sur la possibilité de faire une autre économie plus solidaire et écologique sans remettre en question le lien sacré entre la nécessaire productivité du travail et l’émancipation humaine vis-à-vis de la Nature. La productivité du travail est alors notre promesse d’infinité et d’abondance, notre mythe occidental et l’économie en est la science. Les débats économiques et politiques se cantonnent sur la répartition des fruits de cette efficacité productive (dividendes, salaires, revenu universel, protection sociale).
Mais le problème n’est-il pas l’économie en tant que discours d’efficacité et de productivité ? Ce livre se propose de montrer que l’aliénation actuelle n’est seulement pas la mauvaise répartition des richesses, mais l’injonction toujours renouvelée à la productivité du travail.