Une marée populaire pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité
Article mis en ligne le 21 mai 2018

par Marsanay

Une marée populaire pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité
Par Jean-Marie Harribey, coprésident d’Attac , Pierre Khalfa, Coprésident de la Fondation Copernic et Aurélie Trouvé, coprésidente d’Attac — 21 mai 2018 à 10:03

Face au néo-libéralisme d’Emmanuel Macron, des initiatives solidaires ont pris forme, montrant qu’une mobilisation globale est possible : le 26 mai, Attac et la fondation Copernic veulent lui donner la forme d’une marée humaine dans toute la France.

Une marée populaire pour l’égalité, la justice sociale et la solidarité

Un an après son élection, l’imposture d’Emmanuel Macron se dévoile : il se voulait en même temps de gauche et de droite, il applique en fait une politique dont rêvait la droite réactionnaire et néolibérale. Il se présentait comme un défenseur des droits individuels, il n’hésite pas à les remettre en cause en intégrant dans le droit commun les dispositions de l’état d’urgence. Il s’est voulu grand défenseur du climat et de la planète face à Donald Trump, il n’a pourtant cessé de reculer sur les questions environnementales, dès lors que les intérêts des multinationales étaient en jeu. Son humanisme proclamé a fait long feu avec le traitement indigne infligé aux migrants.

Il en appelle au nouveau monde mais reprend les pires travers de l’ancien, en poussant à l’extrême la personnalisation et la centralisation du pouvoir de la Ve République. Entouré d’une « noblesse d’Etat » entièrement dévouée, il applique de façon froide et brutale son « business model ». C’est à une restructuration profonde de la société selon les canons du néolibéralisme qu’il s’attelle, s’appuyant sur une base sociale composée de cadres supérieurs, de professions libérales et d’entrepreneurs. Pour justifier des mesures fiscales à l’injustice criante, il met en avant une pseudo-théorie, celle du ruissellement, qui, en récompensant les « premiers de cordée », veut laisser croire à une diffusion spontanée de la richesse du haut vers le bas, alors même que c’est un torrent financier qui monte vers les plus riches. Et singeant l’efficacité d’un manager omnipotent à la tête de « l’entreprise France », il détruit, méthodiquement et rapidement, les droits sociaux : protection des travailleurs dans l’entreprise, services publics et bientôt assurance chômage et retraites.

Sa méthode : produire par l’accumulation des mesures un effet de sidération, faisant le pari de l’anesthésie de la société. En s’en prenant aux salariés à statut, fonctionnaires et cheminots, il espère faire sauter une digue importante. Mais ce pari pourrait bien échouer car les mobilisations se multiplient, chacune avec leurs spécificités : cheminots, universités ou hôpitaux, pour les services publics, pour les droits des migrants, pour une transition écologique et sociale à Notre-Dame-des-Landes ou ailleurs… Ces mobilisations ne défendent pas l’ancien monde, bien au contraire, mais le projet d’une société plus égalitaire et plus solidaire.

Le gouvernement espère que ces mouvements restent isolés, qu’ils s’épuisent d’eux-mêmes ou sinon, qu’ils puissent être réprimés sans dommage politique. Mais déjà, des initiatives de solidarité se développent, en soutien des grévistes, des retraité.es, des étudiant.es, des zadistes… La manifestation du 5 mai a montré que les ressorts d’une mobilisation globale existaient. D’autres manifestations sectorielles importantes sont prévues, comme le 22 mai en défense de la fonction publique. Mais il faut aller plus loin. C’est pourquoi Attac et la Fondation Copernic ont pris l’initiative de réunir de nombreuses organisations citoyennes, syndicales, associatives, politiques, petites ou grandes. Dans leur diversité, elles uniront leurs forces pour une grande marée populaire le 26 mai, à Paris et dans de nombreuses villes en France, afin que chacune et chacun puisse montrer que la société française refuse d’être restructurée à l’image d’une entreprise du Cac 40 et que l’espoir d’une société meilleure n’est pas vain. Parce que la politique du gouvernement a des conséquences graves et durables dans de multiples champs sociaux et environnementaux, le rassemblement du 26 mai est inédit dans sa composition et sa diversité. Il sera, espérons-le, inédit par son ampleur.

Jean-Marie Harribey, Pierre Khalfa et Aurélie Trouvé ont coordonné le livre Attac-Fondation Copernic, l’Imposture Marcron, LLL, avril 2018.