Liberté pour Ebru Firat, ne l’oublions pas !
Bonjour Ebru ,
Nous ne nous connaissons pas.
Ton combat n’est pas le mien.
Tu as débarqué dans mon quotidien via le message de Stella , une amie militante à Toulouse.
Citoyen du Monde , le seul drapeau qui flotte dans mon jardin est celui de la Paix.
J’exècre le mot " POUVOIR " quand il est synonyme d ’ascendant , d’emprise ou de domination car " Il est un verbe auxiliaire qui s’écrit en minuscule et qui n’a de sens qu’avec des compléments."
J’avoue ne pas comprendre pourquoi l’homme délègue au religieux ou au politique , la résolution des problèmes qu’il a créé dans sa volonté de dominer la Nature.
Je m’associe à des actions de désobéissance civile.
Mais lorsque que j’ai vu ton visage souriant apparaitre sur mon écran accompagné de ce message " Ebru Firat , jeune française d’origine kurde de 25 ans a été arrêtée par la police turque le 8 septembre 2016 , à l’aéroport d’Istanbul alors qu’elle rentrait à Toulouse. Elle avait combattu Daesh au Rojava Syrien. En novembre 2016 , elle a été condamnée à 5 ans de prison . " je me suis dit que ce regard n’était pas celui d’une candidate à un attentat suicide.
Le fait que tu sois française, née dans une région où j’ai choisi de vivre ne m’importait pas plus que ton origine qui justifiait ton engagement .
J’avoue ne rien connaitre du Rojava Syrien , mais ta volonté de te mobiliser pour combattre Daesh et la sincérité et l’innocence qui se dégageait de ce regard entrevu au milieu d’une nuit ou le sommeil m’avait quitté , suffirent pour envisager de t’écrire ces quelques mots en guise de prescription contre l’oubli.
Le fait que mon fils Léo , qui lui aussi par d’autres biais tente de faire concorder ses convictions et son mode de vie , ait fêté ses 25 ans quelques jours auparavant me fit passer à l’acte.
Comme le dit l’ami , Txetx , victime récemment d’une arrestation instrumentalisée par " l’Etat Français " en conclusion de ces messages d’encouragement : " Sois Fort -e " .
En conclusion je souhaitai t’offrir ce poème " Militant d’aimer " de Patrick Vlamynck , un ami poète de la rue que j’ai rencontré grâce à Stella qui est à l’origine de notre rencontre.
Ecoute Ebru ! dans ta cellule , les murs-mures " Liberté ".
Christian
Le poème de Patrick Vlamynck
Militant (e) d’aimer
Tu vois du ciel là où enrage la tempête
tu creuserais la terre, aux quatre points cardinaux
pour que l’eau s’invite au désert
dans le grand nord où le froid est de mise
tu donnerais assez de chaleur à l’aurore boréale
pour faire pousser un figuier un oranger
une oasis où l’ombre se défait de ses habits de nuit
Tu vois la beauté cachée
dans ce monde en déliquescence
ça n’a pas de sens
ça n’a pas de sens
Tu donnerais de l’aube dans l’abîme insondable
où les âmes écorchées des guerres de tranchées
et des camps de la mort cherchent leur chemin
Tu ferais pousser des fleurs sur le linceul bétonné
de Tchernobyl
tu donnerais à la mer morte depuis des millénaires
des marées d’eau douce et la légèreté d’une méditerranée
Tu vois la beauté cachée
dans ce monde en déliquescence
ça n’a pas de sens
ça n’a pas de sens
Tu gravirais chaque montagne une par une
jusqu’au sommet de l’Everest s’il le fallait
pour sauver une abeille reine et donner du miel
aux mers, du sel aux animaux, du sucre aux nouveaux nés.
Tu vois la beauté cachée
dans ce monde en déliquescence
ça n’a pas de sens
ça n’a pas de sens
Tu prendrais le temps de serrer chaque soldat dans tes bras
pour qu’il quitte enfin les champs de batailles
un oeillet au fusil, une larme à l’oeil
et le coeur en paix.
Tu vois de la beauté dans ce monde
en déliquescence ça n’a pas de sens
Tu trouverais Dieu dans une église
ça n’a pas de sens
mais j’aime à te savoir à mes côtés
militante de l’amitié
qui change les Garonne en Escaut,
toi qui aimerais tant
que chaque homme soit le temple de l’autre