« Motivés », « Motivés » motivés pour ceux qui combattent le fascisme et l’intégrisme partout où il se trouve…cette réplique si souvent prononcée lors de nos concerts semble avoir été faite pour Ebru Firat.
Je t’ai aperçue dans les journaux, et même à la télé… j’étais fier que tu sois Toulousaine, que nous ayons peut-être arpenté les mêmes rue et les mêmes quartiers, comme si tu avais amené un peu de nous au combat.
Et te voici prisonnière du régime d’Erdogan, c’est dire si tu es forte et si il vous craint toi et tes camarades, autant que DAESH vous craint également…c’est dire si vous avez raison.
Ebrut, comme souvent les militant-e-s Kurdes, tu nous rappelles qu’il y a des pays et des têtes où l’on n’entrera jamais par la force. Bien sûr tu as combattu pour ton pays celui de tes parents, mais tu t’es battue pour nous, ton pays le Kurdistan est notre pays, le Kurdistan est un monde, tu t’es battue pour le monde, notre monde.
Par ton engagement et tes actes tu es la sentinelle de notre liberté, la gardienne de notre honneur. Il faudra bien te témoigner de notre reconnaissance, Il faudra que l’on en parle quand tu seras de retour à Toulouse chez toi. Il faudra bien te dire que l’on s’est senti moins libre, puisque tu ne l’étais pas.
En attendant nous réclamons simplement ta libération.
On me dit que tu es aussi de Moissac, alors quand tu rentreras, je pourrais te raconter Slimane Azem, l’un des plus grand des poètes Kabyle qui y a vécu et qui est enterré, je pourrais te faire écouter une de ses magnifiques chansons écrites à l’époque de l’Algérie coloniale.
Effegh a ya jrad tamurt iw (Sauterelles, quittez mon pays), il y compare la colonisation à une invasion de crickets en voici quelques mots :
"Je me demande pour quelle raison
Tu as brouté jusqu’à la porte
Tu as dévoré l’héritage que je tiens de mon père
Que tu deviennes perdrix
L’estime est finie entre toi et moi »
Oui nous n’avons pas d’estime pour ceux que tu as combattus et pas d’estime pour ceux qui t’ont dénoncée et enfermée.
Quand tu rentreras, tu nous diras ton combat contre les crickets coloniaux et leurs valets de toutes sortes, ceux qui veulent prendre ce qui ne leur appartient pas, les terres, les têtes, les coeurs et les âmes. Mais toi tu ne leur appartiens pas et grâce à toi nous savons que nous aussi nous ne leur appartenons pas. Alors vite qu’il te libère, que tu veuilles vivre ici à Toulouse, ou ailleurs c’est à dire là où tu veux, là où tu seras chez toi.
Salah Amokrane.Tactikollectif