Liberté pour Ebru Firat, ne l’oublions pas.
Ebru, Par dessus les toits
Article mis en ligne le 9 janvier 2017
dernière modification le 9 avril 2021

par Marsanay

Le collectif libertepourebrufirat ainsi que l’Université Populaire de Toulouse, vont poursuivre et surtout amplifier le soutien à EBRU FIRAT. Piégée dans la Turquie d’Erdogan , en novembre 2016 elle a été condamnée à cinq ans de prison. La situation en Turquie, l’évolution du régime, nous inquiète au plus haut point. Le grand danger qui guette Ebru est l’oubli. Pour vaincre cet oubli il nous revient d’imposer la présence de EBRU dans le quotidien, dans le quotidien de chacun et chacune. Nous proposons dans un premier temps que des personnalités du monde syndical, associatif, politique, universitaire de la culture…rédigent des billets quotidiens de soutien, demandant la libération de EBRU ; que ces billets soient publiés dans les réseaux sociaux, dans les journaux syndicaux, dans les bulletins politiques, dans les revues de spectacles
En faisant vivre la lutte de EBRU sa résistance dans les geôles turques nous pourrons briser le mur de silence, et l’oubli qui s’instille doucement dans nos préoccupations de tous les jours
Nous publions le premier billet de François Piquemal (Porte-Parole Sud Ouest DAL). EBRU, Par dessus les toits.

Laisser passer les petits billets !

Ebru, Par dessus les toits.

Depuis septembre dernier le ciel est moins léger à Toulouse, les reflets de brique sont plus acides. La tragédie que vit Ebru Firat nous touche forcément, tant elle pourrait être une connaissance, notre camarade, notre amie, notre fille, notre sœur.

Je ne connais pas Ebru mais quelque chose dans son visage m’est forcément familier, un sourire, une lumière dans le regard qui marque toute l’espérance et la volonté avec lesquelles peuvent parfois s’engager les jeunes dans des combats pour un monde meilleur, plus juste, plus tolérant. Et quel combat ! Partir au côté du peuple kurde pour lutter contre Daesh et les despotes de la région Erdogan en tête. Tout laisser pour ses idées, dans l’ombre sans lumière, en toute humilité, pour lutter aux côtés d’un peuple, qui est aussi le sien, opprimé de manière séculaire.

Ebru Firat est une combattante kurde, emblème de la lutte pour l’émancipation des minorités, emblème de la lutte contre le patriarcat, une place des femmes qui donne à penser dans notre pays où à travail égal les femmes touchent moins que les hommes.
Le DAL, qui fait partie du réseau international No Vox, rassemblant des mouvements luttant pour le droit au logement mais aussi pour le droit à la terre, se sent forcément proche de celles et ceux qui se battent pour les arpents de leur peuple comme c’est le cas au Rojava. Le DAL se sent forcément proche de toutes les femmes qui luttent pour l’égalité, nos luttes étant le plus souvent menées par elles qui prennent leur destin en main ainsi que celui de leurs familles
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Ebru Firat est aussi une étudiante toulousaine, issue d’une génération qui prend la dégradation des conditions de vie de plein fouet dans l’Hexagone, et qui voit poindre à l’horizon un hiver inquiétant où le repli sur soi et l’intolérance tombent comme de la neige sombre sur notre société. Ebru de cette jeunesse qui s’est mise debout au printemps dernier devant une loi incarnant à elle seule tous les désirs de la Troïka. Ebru de cette jeunesse que l’on dit souvent nihiliste, désabusée, mais qui est bien vivante et qu’on n’empêche pas de rêver même quand on essaie de réduire son temps de repos. Ebru, d’une jeunesse qui a en fait plus d’un idéal dans son sac et qui a la lourde mission de faire face à l’hiver qui vient. Ebru, d’une jeunesse à qui il reste l’espoir comme numéro d’écrou.

Ebru dans son combat, derrière ses barreaux est une des nôtres. Nos luttes peuvent sembler dérisoires par rapport à la sienne, mais il est de notre devoir de lutter où l’on est, près de nos murs, dans nos quartiers, dans notre ville qui est aussi la sienne. Ebru, nos luttes c’est notre manière de ne pas oublier celles et ceux qui sont passé-e-s avant nous, celles et ceux qui comme toi sont privé-e-s de liberté, celles et ceux qui partout dans le monde refusent la fatalité.
Ebru, nos luttes c’est notre manière de t’envoyer un mandat. Un mandat par dessus leurs murs, un mandat entre leurs barreaux, un mandat par dessus leurs toits.
On pense à toi.

François Piquemal (Porte-Parole Sud Ouest DAL).