Conférence-débat :" De la santé pour tous à la sécurité de tous ?"
Article mis en ligne le 20 décembre 2016
dernière modification le 21 décembre 2016

par Universite Populaire Toulouse

L’Université Populaire Toulouse invite François Buton le mardi 31 janvier à la Bourse du Travail à 20H30, place St Sernin, Toulouse.
De la santé pour tous à la sécurité pour tous ?
Comment et pourquoi le système de soins ne compense pas les inégalités sociales de santé ?

La dernière loi de santé promulguée en janvier 2016 a fait du combat "contre les inégalités de santé et d’accès au système de soins"l’un des" trois défis majeurs" pour améliorer la santé de la population en France.
Que les états de santé soient différenciés selon les classes sociales n’est, hélas, pas nouveau ,ce constat fait partie d’un large consensus que ce soit en épidémiologie ou en sciences sociales.
En France les inégalités sociales de santé non seulement demeurent mais sont plus importantes que dans les autres pays d’Europe occidentale.et ceci en dépit des progrès considérables de la médecine et l’instauration d’un système de santé les plus performants au monde.
Comment se fait-il que ce constat soit toujours d’actualité ?
Dans cet article de la revue n°58 "Quand la santé décuple les inégalités" voir ci-dessous, François Buton explore les contradictions et les effets de la surveillance épidémiologique, qui se donne pour objet la sécurité sanitaire d’une population pensée comme indifférenciée, au détriment d’une connaissance fine des déterminants sociaux de la santé.
De fait nous explique-t-il "Surveiller et observer en permanence l’état de santé de la population",mission de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) sont des objectifs quelque peu différents sinon antagonistes.
Production de connaissances et méconnaissances épidémiologiques, filières de soins différenciées,pratiques médicales différenciatrices, recul voir oubli de pratiques de soins égalitaires ou militantes : ce dossier montre les différents niveaux qui permettent de comprendre comment et pourquoi le système de soins n’est pas en mesure de compenser les inégalités sociales de santé, et surtout contribue à les (re)produire.

"L’enjeu prioritaire n’est plus de décrire la santé de la population pour la transformer, par exemple en ce qui concerne sa structure, donc ses inégalités, mais de prêter attention à toute information, à tout signal, suggérant que la santé de la population, pensée comme indifférenciée, est menacée.
La sécurité sanitaire est en train de procéder à la mise en marge des idéaux progressistes de la santé pour tous au profit d’une politique, certes légitime, de protection, qui conserve en l’état la santé de la population dans son ensemble – mais avec ses inégalités."

François Buton est chercheur au CNRS en science politique (CEPEL, université de Montpellier) et membre du comité de rédaction de Gouvernement et action publique. Spécialiste de socio-histoire de l’État, il travaille aujourd’hui sur la surveillance épidémiologique au xx e siècle, sur les conscrits de la guerre d’Algérie, et sur les rapports ordinaires au politique et la participation électorale. Lire par exemple « Norbert Elias ou la Grande Guerre du sociologue », Agone, 2014, n˚ 53, et « Faire d’une évidence un enjeu pour l’enquête en sciences sociales : la domination chez Pierre Bourdieu », in Pierre Karila-Cohen, Emmanuel Droit, Qu’est-ce que l’autorité ? Études historiques ( xix e- xx e siècles), MSH Paris-CIERA, 2016.

Revue Agone N°58
http://agone.org/revueagone/agone58/
À nombre de consultations égal, on est plus ou moins bien soigné selon sa classe sociale et son origine nationale. Les malades d’un cancer sont moins bien informés sur leur maladie par leur médecin quand ils sont pauvres. Au moment de l’apparition d’une douleur thoracique, premier signe d’un infarctus, les catégories sociales les plus favorisées font l’objet d’une prise en charge médicale plus approfondie et plus spécialisée. Les inégalités sociales qui marquent le suivi de grossesse sont aggravées par les pratiques des soignants qui informent moins, et moins bien, les femmes des classes populaires, a fortiori étrangères. Plus largement, les recommandations médicales nationales sont moins bien appliquées par les médecins pour les membres des classes populaires.

Sommaire :
– Une médecine de classe ? Inégalités sociales, système de santé et pratiques de soins, Maud Gelly et Laure Pitti
– “Corps et âme”. Le parti des Black Panthers et la lutte contre les discriminations médicales, Alondra Nelson
– “Médecin de première ligne dans un quartier populaire”. Un généraliste en banlieue rouge des années 1960 aux années 2010, Audrey Mariette et Laure Pitti
– La fabrique médicale des inégalités dans l’accès aux soins d’urgence. Ethnographie comparée de deux services d’urgence public et privé, Sylvie Morel
– Logiques de tri et discriminations à l’hôpital public : vers une nouvelle morale hospitalière ?, Caroline Izambert
– “C’est gênant de se mettre à dos son médecin, parce qu’on en a besoin.” Ouvriers malades de leur travail face à la médecine, Pascal Marichalar
– Inégalités contraceptives au pays de la pilule, Hélène Bretin et Laurence Kotobi
– Des inégalités en tous genres face au décès par sida et de leur ignorance par le système de santé, Maud Gelly
– De la santé pour tous à la sécurité de tous ? Logiques scientifiques et politiques de la surveillance épidémiologique, François Buton
– Histoire radicale : « Le travail des enfants dans les verreries en 1912 », Charles Delzant.