En attendant les routiers et les cheminots
Article mis en ligne le 16 mai 2016
dernière modification le 24 août 2022

par Marsanay

Le 12 mai, la manifestation, appelée par l’intersyndicale, a conclu une semaine riche en mobilisations.
Ce fut la riposte immédiate à l’annonce du 49-3 le mardi 10 dès 18h00 qui a réuni 1500 personnes (au moment le plus fort selon La Dépêche). Le lendemain, à l’appel du collectif "Y a pas d’arrangements"réunissant Dal, Attac, Cip, Nuits debout, coordination lycéenne,l’opération choco BN,une visite à la permanence de la députée Mme Martinel ,s’est soldée par quatre arrestations de militants.

La manifestation du 12 mai est presque une réplique du 28 avril quant au nombre de manifestant e s ( 3000 pour la police et 12000 pour l’intersyndicale, la réalité se situant plus vraisemblablement autour de 6000 à 6500"),

manifestation combative composée majoritairement de salarié-e-s avec une présence importante du privé, dont la métallurgie, dans le cortège CGT

. La jeunesse était, pour l’essentiel ,regroupée derrière les banderoles Nuits Debout. La manifestation s’est terminée devant le Conseil Départemental et le commissariat central, de part et d’autre du canal. Les responsables des OS départementales CGT, FSU, Solidaires et des étudiant-e-s et lycéen-ne-s ont obtenu qu’une délégation de l’intersyndicale soit reçue et ressorte moins de 3/4h après, accompagnée des 4 militants qui avaient été placés en GAV....lire ici

Au coeur de l’après-midi une nouvelle manifestation a sillonné les rues de Toulouse donnant lieu à des affrontements avec la police et neuf nouvelles interpellations.
La tonalité de la presse, radios et TV en particulier a mis l’accent sur une mobilisation qui marquerait le pas, tout en signalant que la semaine à venir pouvait conduire à une poussée gréviste, routiers, cheminots, industrie chimique, ports.
Ce qu’il est essentiel de retenir de la semaine écoulée c’est d’abord l’immédiateté et la détermination de la riposte juste après l’annonce du 49-3,avec une multitude de mobilisations dans de nombreuses villes et l’élargissement de la fracture, déjà béante, avec le PS dont bon nombre de locaux ont été malmenés (par exemple occupation par la CGT de celui de Montauban…) Le débat qui a eu lieu au détour de la motion de censure est important à plus d’un titre, les frondeurs du PS ont refusé la censure au prétexte qu’il provoquerait la chute du gouvernement et précipiterait le retour de la droite. Une élection à l’heure J en 2017 provoquera le même effet Ce qu’ont fait les frondeurs, qui seront mis,à la fin, dans le même sac que les autres députés PS, c’est de privilégier l’appareil afin d’ éviter toute scission espérant par là une improbable unité du parti.
En agissant ainsi, ces derniers ont envoyé un message à la gauche radicale (dont une partie pensait, à tort, que l’arc de force pour 2017 passait par ces mêmes frondeurs) sur les limites de leur disponibilité pour construire une alternative au libéralisme. Le vote de la motion de censure, entraînait, de facto, la chute du gouvernement en provoquant de nouvelles élections, la définition d’un programme, des alliances invraisemblablement…sur la base d’une rupture avec le social libéralisme et la construction d’une alternative ; le tout sur fond de mobilisation sociale. Un mode d’approche de la politique très éloigné de la pensée des frondeurs. C’est la reproduction de la bureaucratie qui commande ici et non le rapport entre la politique et le social.
C’est donc dans la rue que va se jouer la partie, mais cela ne nous étonne pas.
La semaine qui vient sera décisive et elle verra, ou pas, le développement de la grève. L’intervention du secrétaire général de la CGT le 13 mai sur France Inter mettant en avant la reconduction de la grève à partir du 16 est sans équivoque, mais l’appel en lui-même ne suffira pas. Il faudra que les équipes syndicales s’en emparent et convainquent les salarié-e-s que l’épreuve de force a sonné. L’entrée en lutte de secteurs significatifs au pouvoir bloquant (comme les routiers et les cheminots) peut avoir une force d’entraînement ; y compris dans des secteurs où le mot d’ordre de grève générale reste assez largement inaudible.
Ce sera aussi pour Nuits Debout un bol d’air, pour trouver un second souffle. L’apport du mouvement est incontestable pour la suite, à condition que ces immenses débats ne soient pas conclus par une défaite sur l’élément déclencheur de Nuits Debout, la loi El Khomri.
A Toulouse Nuits Debout a la particularité de fonctionner, pour les actions, au sein d’un collectif unitaire réunissant le DAL, ATTAC, les intermittents,des individus, lycéen-n-e-s étudiant-e-s…collectif appelé "Y a pas d’arrangements". Ce fonctionnement a aussi ses propres travers ; il ne réunit pas toujours/souvent toutes les forces qui pourraient se retrouver là et a, de fait, ses propres limites en terme de capacité de mobilisation.

L’addition de sigles ne résout pas la question du nombre. Lors de ces manifestations « coup de poing » on constate la présence de nombreux-ses militant e s syndicaux, politiques ; cela contribue à la réussite de la mobilisation et à sa propagation dans la société. Mais il faut raison garder, les actions symboliques ont pour fonction de frapper l’opinion, de réveiller les consciences. Et si le réveil social n’a pas lieu, si le nombre ne vient pas, les actions symboliques mourront d’elles-mêmes. Le blocage d’une zone industrielle n’a de sens que si dans la foulée ceux et celles qui y travaillent l’occupent eux-mêmes.
Nuits Debout maintient une permanence dans l’action. La présence de syndicalistes CGT, FSU, Solidaires dans les assemblées est un fait indiscutable…En revanche, pour l’instant, la jonction s’arrête là : Nuits Debout n’est pas rentré dans les lieux de travail et d’études.
Lire interview Nuits Deboutlire ici
http://universitepopulairetoulouse.fr/spip.php?article705
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Déclaration du secrétaire confédéral de la CGT à l’Humanitélire icie