5 avril : 5° journée de mobilisation contre "la loi travail" - 1ère Nuit Debout
Article mis en ligne le 7 avril 2016

par Marsanay

Il n’y a pas eu de surprises le 5 avril : un petit millier de lycéens et des étudiants plus nombreux, des syndicalistes de solidaires et de la FSU. Lors de l’intersyndicale de bilan du 31, la coordination lycéenne avait clairement énoncé les difficultés pour mobiliser le 5, la CGT avait choisi de faire l’impasse. Reste une constante qui dure, la faible mobilisation des étudiant e s. Déjà en 2010 lors des grèves contre la réforme des retraites la jeunesse était faiblement mobilisée et uniquement représentée déjà par des lycéens. On se souvient des difficultés de mobilisation des étudiants après la mort de Rémi Fraisse.

La comparaison avec le 31 n’a bien sûr aucun sens, la fonction de cette journée et d’autres probablement est de maintenir une continuité, affirmer une détermination intacte dans un mouvement qui prendra du temps à se construire. Le deuxième élément important après ces 5 journées de mobilisation est que hormis le 5 et peut être le 17 mars ces manifestations étaient composées majoritairement de salariés. Donc c’est bien la question de la grève qui reste le moyen le plus pertinent pour gagner le retrait de cette loi. Il manque encore dans ce mouvement social le secteur, voire la ville qui va fédérer et tirer les grèves de l’avant ; en 95 ce fut les cheminots, en 2003 les enseignants, en 2006 la jeunesse et en 2010 les raffineurs

ici. iciLa grève générale souvent convoquée depuis 1995, ne s’est jamais présentée. Elle ne prendra pas la forme de celle que l’on connait au moins par la lecture 1936, 1968. En 1936, comme en 1968, quand la grève s’est généralisée des conditions précises étaient réunies pour que tout s’arrête et que le pouvoir vacille, l’une d’elle et non des moindres fut la puissance des syndicats. Toutes les conditions sont donc loin d’être réunies, pour autant cela ne signifie pas que la grève générale est un outil d’un autre temps.

Le 5 avril c’est aussi la première Nuit Debout à Toulouse. Le nombre est important, car la comparaison avec les Indignés est tentante, de même le CPE fut rappelé au début du mouvement. Le chiffre souvent évoqué est 500-600 , peu de commentateurs vont au-delà du millier, cela indique que ici aussi, l’occupation des places sera un processus long. On reste pour le moment dans la captation de la frange militante mais en deçà de ce qu’ont produit les manifestations de rue. Le collectif Nuit Debout est bien une initiative de militant-e-s syndicalistes, associatif ,on remarquera qu’ un certain nombre d’entre eux-elles sont ou ont été membres d’organisations politiques de la gauche radicale. Ce qui importe à cette étape c’est la façon de convoquer la première Nuit Debout,en effet le collectif de militant-e-s, semble prendre acte de l’état de mobilisation des masses dans les lieux de travail et dans les facultés, mobilisation qui n’est pas à la hauteur de l’enjeu Ce mode de construction de Nuit Debout diffère de ce que l’on a vu dans la dernière période avec Alternatiba et la COP21 ici. Il y a donc du volontarisme, plus que de la spontanéité à cette étape de construction, ce qui nous semble logique au vu de la longue période passée dans la pénombre.
Si les questions posées ici et là quant à la probabilité de déboucher sur la création d’un nouveau parti politique au détour des Nuits Debout n’ont que peu de sens, une question bien plus simple se pose," comment articuler les mobilisations dans la rue, les entreprises, les facs, les lycées…et Les nuits Debout ?"
Car nous avons appris de l’exemple espagnol : le blocage des places n’est pas un blocage économique, c’est la grève, les occupations stratégiques de lieux…qui bloquent l’économie et peuvent faire vaciller le pouvoir.

Le gouvernement est déconsidéré, rejeté, la « loi travail » a catalysé une multitude de mécontentements longtemps contenus et tout cela apparaît dans les sondages et depuis le 9 mars dans la rue. Ce qu’il faut maintenant c’est que la mobilisation dans la rue et l’occupation des places dépassent le stade du sondage.

Le texte paru dans Actucotétoulouselire ici
Les inrockslire ici
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Le communique de Nuits Debout du 6 avril

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