Atelier Espaces Marx
Article mis en ligne le 1er février 2016

par Universite Populaire Toulouse

Avec Martine Steinmetz sur "Essai sur l’origine des langues" selon Jean-Jacques Rousseau.
le Jeudi 4 février 2016 de 20h30 à 23h, salle de réunion 2 de la Maison des Associations (3, place Guy Hersant) - (entrée face au 75 de la rue du Férétra à Toulouse, Métro Empalot)

Ce second atelier veut tenter de contextualiser cet Essai qui fut longtemps méprisé par la critique. Il passe à présent pour l’une des œuvres les plus originales de Rousseau. Celui-ci toutefois inscrit cet écrit dans une démarche philosophique cohérente qu’il convient d’appréhender. Starobinski, dans son essai sur Rousseau et l’origine des langues, fait un parallèle entre le Discours sur l’inégalité et l’Essai sur l’origine des langues. Il affirme que le premier "insère une histoire du langage à l’intérieur d’une histoire de la société" et qu’ " inversement l’Essai sur l’origine des langues introduit une histoire de la société à l’intérieur d’une histoire du langage". Il convient de souligner que le point de départ de l’Essai fut, semble-t-il, une longue note détachée du Discours.

La démarche qui consiste à s’interroger sur l’origine suppose que l’auteur admet implicitement qu’il y a eu changement, c’est-à-dire évolution. Si la démarche peut paraître déroutante, proche parfois du récit mythique, plein de poésie et très émouvant, l’argumentation y est tout de même très construite, partant d’observations et d’hypothèses sérieusement étudiées pour aboutir à la fin de sa démonstration à une formule ciselée. L’ouvrage paraît de manière posthume en 1781
Rousseau part d’une affirmation dès le début du premier chapitre : "la parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu’à des causes naturelles". Le lien consubstantiel qu’il établit entre langage humain et institution sociale a été salué et repris par de nombreux philosophes dont Derrida. Pour Rousseau, si l’homme n’est pas immédiatement sociable, il l’est devenu en raison de sa perfectibilité.
Rousseau nous affirme donc que langage et société sont liés : le langage n’est pas inné, "c’est une acquisition rendue possible par des dispositions présentes dès l’origine et longtemps inexploitées". nous précise Starobinski.
Il faut aussi ajouter que lorsque Rousseau imagine ces temps originels, il fonde "le désir ou le besoin de communiquer" sur une reconnaissance préalable d’égalité. C’est ce désir de l’autre semblable qui fonde la parole et il affirme dès le second chapitre que "l’invention de la parole ne vient pas des besoins, mais des passions". On est loin de la conception simpliste de la langue transparente des classiques.