Victor Griffuelhes, dans son" Voyage révolutionnaire "
Article mis en ligne le 3 janvier 2016

par Marsanay

Victor Griffuelhes, dans son" Voyage révolutionnaire" a parcouru la France ouvrière pour dresser un tableau du mouvement syndical à travers les observations des différentes villes et régions qu’il a traversé. Le portrait qu’il dresse de la ville de Toulouse mérite d’être connu, le titre a lui seul incite à la curiosité : Vie joyeuse Centre ingrat.

Élève au petit séminaire de Nérac jusqu’à quatorze ans, Victor Griffuelhes travaille avec son père jusqu’à dix-sept. En 1891, il se rend à Bordeaux, à Nantes, à Blois puis Tours. En 1893, il arrive à Paris. Ouvrier cordonnier, il fabrique des chaussures de luxe pour les bottiers du quartier de l’Élysée. En 1899, il est délégué à l’union syndicale de la Seine dont il devient rapidement secrétaire. En 1900, il est élu secrétaire de la Fédération des cuirs et peaux.

Le 26 novembre 1901, Griffuelhes devient secrétaire général d’une CGT qui vivotait, agrégat de fédérations de métiers sans vision commune. À sa démission le 2 février 1909, la CGT sera devenue la principale et la plus prestigieuse force du mouvement ouvrier français, dotée d’une stratégie cohérente et d’une assise solide. Griffuelhes aura été un des principaux artisans de cette ascension, son travail d’organisation se doublant d’un effort de théorisation du syndicalisme révolutionnaire. Il a rédigé avec Émile Pouget la charte d’Amiens, adoptée par la CGT en 1906.

Alors que ses premiers choix politiques sont du côté des socialistes blanquistes, Griffuelhes acquiert progressivement la conviction de la nullité du parlementarisme pour émanciper la classe ouvrière. Il se donne alors entièrement à la CGT naissante. Quelques années plus tard, sa personnalité se confond entièrement avec la confédération.

Suite à son expulsion de la Bourse du travail par le gouvernement en 1905, la CGT s’installe rue de la Grange-aux-Belles (10e arrondissement de Paris) grâce à un prêt de 90 000 francs. La loi prohibant à la confédération d’être propriétaire d’un bien immobilier, le siège est acquis par la « société Victor Griffuelhes et compagnie ». Certains militants rejetant cette personnalisation du siège du syndicat et le secrétaire général étant impliqué dans une autre affaire pour laquelle il dut prélever des fonds que la CGT destinait à d’autres fins, Griffuelhes se retrouve en prison, le gouvernement Briand cherchant à obtenir l’éviction du secrétaire général de la CGT. Le ministre de l’Intérieur Georges Clemenceau sut jouer des inimitiés qu’il s’était créées au bureau confédéral pour contribuer à le faire chuter. En 1908, il est arrêté avec 30 autres cadres cégétistes suite à la grève de Draveil-Villeneuve-Saint-Georges, et ne peut donc participer au Congrès de Marseille en octobre 1908, au cours duquel la confédération entérine une motion antimilitariste. Griffuelhes choisit de démissionner en février 1909.

Il participe alors à la revue La Vie ouvrière, tribune de la tendance syndicaliste révolutionnaire fondée par Pierre Monatte et, après la guerre, et avoir soutenu brièvement les communistes, il appuie l’action des libertaires au sein des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR).

Publications
« Romantisme révolutionnaire », L’Action directe, no 15, 23 avril 19083
L’Action syndicaliste, Bibliothèque du mouvement socialiste, IV, Librairie des sciences politiques et sociales, Paris, Marcel Rivière, 1908, texte intégral
« Le syndicalisme révolutionnaire », La Publication sociale, coll. Bibliothèque d’études syndicalistes, no 1, 19094
« De 1899 à 1909 : la leçon du passé », La Vie ouvrière, no 1, 5 octobre 1905
http://www.la-presse-anarchiste.net/spip.php?rubrique57

À propos d’un livre (Comment nous ferons la Révolution, par Pataud et Pouget), La Vie ouvrière, no 5, 5 décembre 1909 texte intégral
Avec Louis Mercier-Vega, Anarcho-syndicalisme et syndicalisme révolutionnaire, Éditions Spartacus, Paris, 1978