Conférence-débat : " COP 21, enjeux et défis "
Article mis en ligne le 15 octobre 2015
dernière modification le 25 octobre 2015

par Universite Populaire Toulouse

Dans le cadre de notre cycle Écologie & Politique à un mois de la conférence climat qui se tient à Paris du 30/11/15 au 11/12/15, l’Université Populaire de Toulouse invite Julien Rivoire , le mercredi 18 novembre à 20H30 au Bijou, 123 avenue de Muret, Toulouse.

Julien Rivoire est responsable syndical à la FSU et un des animateurs de la coalition climat 21 qui coordonne les mobilisations en préparation.
Il décryptera pour nous les enjeux de cet événement et les défis que pose la question du climat à la gauche et aux mouvements sociaux.

Nous verrons dans quelle configuration géopolitique s’inscrit l’objectif de la COP 21 d’atteindre un accord universel sur le climat ; en effet les scientifiques ont averti que si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, nous allons franchir le seuil au-delà duquel le réchauffement climatique devient catastrophique et irréversible.

Cet accord sera-t-il de nature à répondre à l’urgence climatique dans une perspective de justice sociale ?

Or, en l’état des objectifs rendus publics, nous nous situons sur une trajectoire de hausse de 3,5 à 4°C des températures d’ici la fin du siècle, très loin de la limite de 2°C de réchauffement qui est l’enjeu crucial car il permettrait de limiter l’ampleur des destructions attendues du changement climatique. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les objectifs quantifiés de réduction d’émission post-2020 que les Etats sont invités à rendre publics avant la COP21 ne font pas partie des sujets de négociation. Ces objectifs, non contraignants et volontaires, et aujourd’hui largement insuffisants, ne seront pas revus à la hausse sous l’effet des négociations.

De fait du Nord au Sud les victimes sont d’abord les plus pauvres. Qu’il s’agisse au Sud des dérèglements climatiques , de 300 000 victimes ils seront 100 millions d’ici 2030 si les émissions ne sont pas drastiquement réduites. Le nombre de déplacé.e.s climatiques en 2014 a surpassé celui lié aux guerres. Au Nord, la pollution touche d’abord les pauvres. Les classes populaires et les populations racisées vivent souvent dans les quartiers les plus sujet à la pollution, notamment industrielle,et sont plus touchées en terme de mortalité .

Or on ne négocie pas avec le réchauffement climatique : l’effet de serre ou les conséquences du réchauffement sur les territoires et les populations ne se négocient pas. Il est seulement possible de les limiter et les freiner. Les responsables sont les multinationales et les États et les causes sont identifiées.

Même si des désaccords existent sur la nécessité ou non d’un bouleversement du système pour répondre à la crise climatique et, ce qui en découle, des nuances plus ou moins fortes vis à vis des solutions de marché il y a consensus pour affirmer que la mobilisation ne s’arrêtera pas à la COP21.

Sans mobilisation sociale, aucune avancée significative ne sera possible.

La coalition Climat 21 regroupe plus de 140 membres , associations ou ONGs environnementales, mouvements sociaux et altermondialistes, syndicats, associations de solidarité Nord/Sud et mouvements d’éducation populaire

Si ses membres aux histoires, cultures et préoccupations si différentes soutiennent des actions et des tactiques diversifiées, que ce soit des manifestations aux actes de désobéissance, c’est la première fois qu’on a en France une alliance aussi large.

Plusieurs défis sont à relever nous verrons quel est l’état des mobilisations, car de fait le dynamisme de cette mobilisation contraste fortement avec une relative atonie des luttes sociales.

Plusieurs questions se posent : comment ancrer ce combat écologiste dans la crise sociale et politique actuelle, comment mobiliser dès aujourd’hui le mouvement social et syndical, dans les branches et dans les territoires, pour s’emparer de ce débat et faire de la question écologique la solution, ou l’une des principales solutions, à la question sociale ?

Car si le capitalisme détruit l’emploi en même temps qu’il ravage la nature, les travailleurs et leurs organisations ne parviennent pas à enrayer la spirale de la précarité.

Comment transformer ce puissant mouvement mondial qui émerge en faveur de la justice climatique pour construire un rapport de force, reprendre du pouvoir sur les questions de travail et d’emploi ,lutter contre les inégalités ?

Sans aucun doute c’est le plus grand défi de notre époque , les solutions et les alternatives existent, pour certaines elles sont déjà en marche et portées par des mouvements locaux.

Nous avons vu le succès de la dynamique d’Alternatiba à Toulouse comme ailleurs. Le défi à relever est d’être capable d’articuler cette question avec d’autres mobilisations : lors des marches européennes contre l’austérité mi-octobre , au sein de la campagne Stop-tafta, dans nos revendications pour lutter contre le chômage en créant les emplois climatiques nécessaires à la transition ,pour promouvoir l’agro écologié etc...

Il ne s’agit donc pas d’attendre que les États veuillent bien prendre leur responsabilité pour agir.