Évasion fiscale, le hold-up du siécle
Xavier Harel - documentaire France 2013 1h30mn
Article mis en ligne le 27 avril 2014
dernière modification le 15 mai 2014

par Universite Populaire Toulouse

Le jeudi 22 mai à 20h30 à UTOPIA Toulouse, projection unique suivie d’un débat avec Régis Lagrifoul et Christian Terrancle, responsables régionaux et départementaux de Solidaires Finances Publiques et Jean-claude Fages, syndicaliste CGT Finances Publiques . Soirée organisée avec l’Université Populaire de Toulouse (achetez vos places à partir du 10 mai).

Les braqueurs de ce hold-up du siècle, ce sont les grandes entreprises, les sociétés prestigieuses aux chiffres d’affaires ahurissants, qui déploient des trésors d’ingéniosité pour échapper au fisc de leur pays d’origine et payer le moins d’impôts possible, voire pas du tout. C’est le cas de grands groupes français du CAC 40. Total, pour ne citer qu’un exemple, qui a réalisé l’an dernier douze milliards d’euros de bénéfices, s’est acquitté de trois cent millions d’euros au Trésor public. « Avant, c’était zéro », affirme Mathilde Dupré qui travaille pour la plate-forme Paradis fiscaux et judiciaire. Chaque année, des milliers de milliards de dollars échappent aux États. On estime qu’entre vingt mille milliards et trente mille milliards de dollars sont dissimulés dans les quelque soixante paradis fiscaux existant dans le monde. Depuis des décennies, des multinationales cherchent à réaliser un maximum de profit en payant - bien évidemment - le moins de taxes possible. Tous les procédés légaux - ou pas - se révèlent utiles pour engranger encore plus de billets verts…

Ancien journaliste au quotidien économique et financier La Tribune, Xavier Harel décortique, avec un sens impeccable de la pédagogie et de l’humour, les mécanismes de « l’optimisation fiscale », cette gymnastique comptable à base de montages financiers complexes et de filiales offshore. Il se rend dans différents paradis fiscaux, comme les îles Caïmans, Jersey, la Suisse, et nous en montre les coulisses. Aux Caïmans, notamment, un bâtiment de quatre étages abrite… 18 000 entreprises. Dans l’État du Delaware, aux États-Unis, 285 000 entreprises sont enregistrées dans un immeuble d’un étage - à moins d’une heure de vol de Washington, cet état est une sorte de paradis fiscal qui assure l’anonymat pour les propriétaires d’entreprises… Comme l’explique le documentaire, l’évasion fiscale a une double conséquence dramatique pour les États : elle les oblige à faire des coupes budgétaires et à sacrifier des services publics. Ou à s’endetter. En Grèce, où les armateurs, les banquiers et l’Église - pourtant premier propriétaire foncier du pays - ne paient pas d’impôt, on estime l’évasion fiscale à quelque 45 milliards d’euros, soit près de 20% du PIB national. Si le pays récupérait la moitié de cette somme « la Grèce n’aurait plus de problème », estime Nikkos Lekkas, de la brigade fiscale grecque.

Même si un seul documentaire ne peut tout traiter, Évasion fiscale, le hold-up du siècle révèle les zones grises et les circuits souterrains de la finance internationale qui appauvrissent les pays. Un sujet difficile, mais volontairement tourné à la façon d’un polar, jouant souvent sur le registre de la dérision et de l’humour pour faire passer les messages, entraînant le spectateur dans une intrigue qu’on imaginerait romancée. La réalité n’en devient que plus incroyable – et plus dangereuse pour les systèmes d’évasion fiscale ainsi révélés. Un sujet, et même un brûlot : les contribuables ponctionnés par le fisc pourraient bien, aux prochaines élections, juger leurs gouvernants sur leur capacité à récupérer les milliards de l’évasion fiscale…