La marée du siècle ?
Article mis en ligne le 25 mai 2018

par Marsanay

La manifestation du 26 mai (la « Marée populaire ») revêt un caractère particulier et probablement plus important qu’il n’y paraît. Ce n’est pas une manifestation de plus ; c’est l’unification des forces opposées à Macron qui descendent ensemble dans la rue.

La marée du siècle ?
La manifestation du 26 mai (la « Marée populaire ») revêt un caractère particulier et probablement plus important qu’il n’y paraît. Ce n’est pas une manifestation de plus ; c’est l’unification des forces opposées à Macron qui descendent ensemble dans la rue. Pour 600 000 voix, la déclinaison électorale de cette manifestation a échoué lors de la présidentielle de 2017.
Contrairement à ce que disent les rigides de la Charte d’Amiens, le lien entre les syndicats, les mouvements sociaux et la politique sont très forts ; et cela n’a rien à voir avec les relations avec un ou des partis politiques. Depuis 1995, tous les mouvements sociaux ont accéléré des changements politiques par la voix électorale (1995-1997 I 2010-2012 I 2016-2017). Le dernier exemple n’est pas achevé pour autant (on aurait pu avoir Mélenchon et on a eu… Macron). En 2016, les syndicats affrontent, pour la première fois de leur histoire, un gouvernement de gauche avec, pour conséquence immédiate, l’élimination du président sortant de la course à la candidature à la présidentielle et l’effondrement du Parti Socialiste ; et ceci vraisemblablement pour un temps long.
Le vainqueur de la présidentielle est un libéral puissance 10. C’est un commis de la finance, des riches et du MEDEF. Il est là pour faire un travail que tous les autres n’ont pas osé (pu ?) faire. Il le fait bien et il ira au bout si nous n’y mettons pas le holà. Sa réélection lui importe peu et l’essentiel est, pour lui, de faire le job, tout le job
La suite de 2016 s’écrit peut être maintenant. La politique du gouvernement est fortement contestée mais les mouvements sociaux passés et ceux en cours ne retardent pas, n’infléchissent pas les réformes menées à marche forcée. L’hypothèse d’une généralisation des grèves, de leur convergence est très hypothétique car il manque les ingrédients politiques pour unifier une bataille globale contre Macron. Il manque, en particulier, les ingrédients organisationnels :la force et l’implantation syndicale. En 1968 par exemple, la grève démarre à Sud Aviation Nantes, s’étend à Renault puis partout ailleurs parce qu’il y a, dans les entreprises, des équipes syndicales qui savent faire vivre un cahier revendicatif et qui ont la force de déclencher la grève puis de la généraliser. Qu’on le veuille ou pas, nous n’en sommes plus là aujourd’hui.
La manifestation du 26, organisée un samedi (jour non travaillé pour la majorité des salarié.e.s), met en sourdine le temps d’un jour la question de la grève. L’appel à la manifestation englobe toutes les forces politiques, syndicales et associatives opposées, globalement ou partiellement, à la politique de Macron. En même temps (comme dirait Macron…), l’appel à manifester le 26 mai a « figé » les camps. Les syndicats d’accompagnement, favorables à Macron, ne seront pas là ; de même que le PS dont le nouveau secrétaire est régulièrement « invité » à quitter les manifestations. Ce qui fera bouger des pans de ces organisations, ce seront, avant tout, la détermination du mouvement qui se construit et les perspectives qu’il offre.
Cela ne suffira pas pour autant. Car la manifestation du 26, si elle n’est pas un baroud d’honneur,sera pour l’essentiel une démarche politique. Cette manifestation ne peut pas résoudre les problèmes des cheminots et des hôpitaux, elle ne peut pas déclencher des conflits sociaux… Elle peut cependant fédérer toutes les batailles. Se posera alors la question de quelles revendications portera cette contestation globale. Puis viendra ensuite la question de l’alternative politique. Car, vous l’avez compris, ce qui se joue en ce moment c’est bien la contestation d’une politique annoncée dans les grandes lignes lors des élections de 2017. Il n’y a pas d’élections prochainement pour « corriger » cela (en particulier la présidentielle, l’élection phare de la Vème République, qui sert souvent à ça). Même si les élections européennes du printemps 2019 seront peut-être, à leur manière, l’occasion de relier la politique mise en œuvre par Macron et, avant lui, Hollande avec les politiques réactionnaires et d’austérité imposées par L’Union Européenne et la bureaucratie libérale de Bruxelles.
Nous en sommes là. Et samedi l’ambiance de la manifestation, sera un premier indice de là où nous allons. La manifestation sera peut être combative (avec des slogans et mots d’ordre politiques)ou seulement festive (avec la reprise des chants et musiques traditionnels des manifestations…). Mais, dans tous les cas de figure, ce sera bien l’ampleur des manifestations partout en France, en particulier le nombre de participant e s, qui donnera quelques indices pour la suite du mouvement.